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Rencontre avec Aniceto, le luthier de Cesaria Evora


Bien que la guitare soit l’instrument traditionnel du Cap-Vert par excellence et part intégrante de la musique cap verdienne, on y trouve très peu de lutheries, et elles sont toutes de taille très modeste. On peut supposer que la concurrence des guitares produites industriellement dans des pays à faible coût de main d’œuvre se fait sentir ici aussi. En effet, chez la plupart des luthiers locaux, une guitare entrée de gamme se vend environ 400 euros quand une guitare industrielle d’import entrée de gamme coûte la moitié. Bien que la qualité des guitares artisanales cap-verdiennes soit incomparable avec celle d’une guitare fabriquée en usine, il faut noter qu’ici le salaire moyen et d’environ 300 euros. Ainsi, pour la plupart des locaux, l’investissement représenté par l’achat d’une guitare artisanale est énorme, d’autant que le coût de la vie est extrêmement élevé ici : le prix des denrées alimentaires, par exemple, est similaire au prix français. Le métier de luthier est donc très rare, même au Cap-Vert, et se perpétue surtout grâce à la demande étrangère, motivée par la qualité des instruments produits ici. Partons à la rencontre d’un de ces luthiers Cap-verdiens, et pas des moindres, le luthier de Cesaria Evora, Aniceto Gomez.



Pour aller chez Aniceto Gomez, il faut sortir un peu du centre de Mindelo et aller dans le quartier résidentiel de Monte Sossego. Ici, dans le dédale des rues, entre vieux goudron et terre battue, on entend le bruit des machines d’Aniceto au loin. L’atelier du luthier de Césaria est là, dans un petit garage, rempli de guitares et de cavaquinhos du sol au plafond.


Le savoir-faire qui vit ici est en grande partie né au Brésil, notamment pour le cavaquinho (Sorte de Ukulélé aux cordes en acier, accordé différemment) et pour la guitare à 7 cordes. Entre ces murs couverts d’ossatures de multiples instruments à divers stades de finition, de photos dédicacées de célébrités, d’articles de presse découpés dans les journaux, de tables et chaises en attente de réparation, Aniceto nous accueille en souriant.

Il fabrique des guitares depuis plus de 40 ans. Il a reçu sa formation auprès de son ancien patron, décédé en 1997. Depuis, il est à son compte, et aujourd’hui, à son tour, il transmet ses gestes et ses astuces à ses deux apprentis. Malgré sa notoriété à l’étranger, Aniceto et son équipe doivent effectuer des travaux d’ébénisterie et de menuiserie générale pour assurer la pérennité de l’activité.



Dans l’arrière salle, trônent les différents modèles de guitare produits ici, de l’entrée de gamme au haut de gamme, même pour un néophyte comme moi, la qualité du travail saute aux yeux. Chaque modèle exposé ici représente en moyenne 150 heures de travail, 35 heures par semaine pendant un mois. Voulant me mettre à la guitare depuis très longtemps, je saute sur l’occasion, une de ces magnifiques guitares est maintenant devenue ma compagne de voyage. Comment ne pas prendre plaisir à apprendre, sur une guitare qui a une telle histoire !



 

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