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Maroc, le royaume de l'artisanat : Chefchaouen

Chefchaouen, ville bleu ciel logée entre deux imposantes montagnes au cœur du Rif, nord Maroc. C'est ici que depuis Tanger, nous avons roulé pour partir à la rencontre d'artisan.e.s d'exception représentatifs de la vitalité des savoir-faire locaux au Maroc.



Le travail du bois est resté une des traditions les plus importantes. Les médinas marocaines abritent de superbes ouvrages aux inspirations arabo-andalouses comme les portes, les plafonds, les étagères ou les cadres de fenêtre travaillés. Le tissage aussi est très présent au Maroc, il est courant de voir fonctionner les métiers à tisser artisanaux entièrement mécaniques (sans assistance électrique ou automatismes) dans la médina. Ainsi, il existe une grande tradition d'étoffes traditionnelles en coton que ce soit pour la vie rurale ou des djellaba en laine pour la ville.



Zora - tisseuse et couturière créatrice


Née dans un petit village des montagnes du Rif, Zora est descendue s'installer dans la ville de Chefchaouen à l'âge de ses 14 ans après le décès de son père. Après plusieurs petits boulots, elle se reconvertit avec trois de ses sœurs dans le tissage au sein d'une coopérative de femmes, afin d'assurer son indépendance financière.


Initialement, le métier à tissé est plutôt réservé aux hommes, et les femmes s'occupent des broderies dans un second temps. La coopérative Talassemtane permet aux femmes d'apprendre le métier grâce aux autres femmes elles-mêmes formées dans la coopérative et donc de casser cette barrière genrée de l'accès au tissage. L'originalité de cette coopérative est aussi la dimension créative qu'elle apporte en ajoutant de nouvelles couleurs aux étoffes et couvertures comme le bleu indigo ou le jaune safran. Elles cousent directement les tissus en petits sacs et pochettes en ajoutant une doublure, des pompons ou des fermetures éclair. En diversifiant l'offre par ces petits produits originaux, plus faciles à vendre qu'une couverture qui nécessite deux journées complètes de travail, elles parviennent à un équilibre financier qui leur permet de faire perdurer leur activité.



Lors de notre rencontre avec Zora, nous étions un peu limités dans notre communication car son français était presque aussi basique que notre marocain, heureusement, son ami Noureddine de l'atelier voisin est venu faire l'interprète et même participer à l'interview. C'est ainsi que nous avons rencontré notre second coup de cœur artisanal de Chefchaouen, cet artisan passionné de la marqueterie, on vous le présente.


Noureddine - Sculpteur et peintre sur bois


Au cœur de son atelier coloré, Noureddine sculpte, scie, découpe, peint et vernit des cadres de miroirs, des étagères à épices de cuisine et parfois des sculptures de plafonds colossales pour certains monuments comme la mairie de la ville.

Excellent en géométrie, le geste sur et précis, Noureddine adapte des outils comme cette petite scie de bijoutier pour réaliser les plus petits détails de ses sculptures sur bois. Artisan de renom, il a été choisi pour représenter l'artisanat marocain lors d'une exposition à Seattle aux Etats-Unis. Il a reçu des prix et a déjà été mentionné dans un article du journal local.



Fervent défenseur des savoirs faire et de l'artisanat à Chefchaouen et au Maroc, Noureddine est inquiet pour la transmission des savoir-faire artisanaux. Lui-même a appris le métier au cours d'une formation académique de menuisier de trois mois puis a perfectionné son geste dans l'atelier de son frère. Selon lui deux causes mettent en péril la transmission de l'artisanat au Maroc: d'une part la concurrence étrangère, qui participe à la mauvaise valorisation financière de l'artisanat local, ce qui en fait en métier très peu attractif pour les jeunes. Cela qui s'ajoute au manque de transmission du savoir-faire, car les premières années d'apprentissage prennent beaucoup de temps aux formateurs, et font encore baisser leur rentabilité.


Aujourd'hui le Maroc est renommé pour son artisanat et nous avons toustes un petit objet marocain qui nous apporte un peu de joie et de poésie plein de couleurs et de belles formes géométriques. Cependant, celui-ci est aussi menacé dans sa pérennité et son authenticité, les politiques publiques essayent de réglementer les contrefaçons en créant des centres artisanaux alors essayons toujours de garder ce contact humain qui rend l'objet vivant et rétribue le savoir-faire précieux qu'il implique.












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